FLUOCALC Simulation de Coloration – Documentation
Cet outil calcule une dose théorique de fluorescéine à injecter dans un système karstique,
et génère une courbe de restitution théorique à la résurgence.
Il s’agit d’un modèle simplifié, paramétrable, destiné à la préparation de traçages
et à la simulation pédagogique.
(c) ARIS (Association de Recherche et d'Inventaire Spéléologique).
Développeur : Pascal MOUNEYRAT
1. Vue d’ensemble du calcul
L’application réalise trois blocs de calcul :
- Calcul de la dose théorique de fluorescéine (en kg) à partir :
altitude, débits, durée de transit, concentration cible, type de roche, correction avancée optionnelle.
- Comparaison avec la dose réellement injectée (en kg), saisie par l’utilisateur,
et calcul du ratio injectée / recommandée.
- Calcul des paramètres de propagation :
vitesse moyenne, pente, facteur roche, étalement temporel (
σ) et
construction d’une courbe de restitution théorique en fonction du temps, selon un des trois modèles :
gaussien, log-normal ou gamma.
Important : le modèle est volontairement simplifié et empirique.
Il ne remplace pas un calage rigoureux sur des données de traçage réelles.
Les coefficients sont à ajuster selon le contexte local.
2. Paramètres saisis par l’utilisateur
2.1. Données géométriques et hydrauliques
- Altitude du point d'injection dans la perte (
alt_perte, en m)
- Altitude de la résurgence (
alt_resurgence, en m)
- Débit au point de perte (
debit_perte, en L/s)
- Débit à la résurgence (
debit_resurgence, en m³/s)
- Distance perte ↔ résurgence (
distance, en km)
- Durée de transit estimée (
duree, en h) :
saisie manuellement (à partir de traçages ou d’un retour d’expérience),
ou proposée par le bouton « Calcul » via une loi empirique interne
(distance, dénivelé, débits, type de roche).
À partir de ces données :
- Dénivelé (m) :
Δz = alt_perte − alt_resurgence
- Pente moyenne : (%) :
pente = (Δz / (distance × 1000)) × 100 si distance > 0
- Vitesse moyenne du colorant :
- en km/h :
v = distance / duree (si durée > 0)
- en m/s :
v_ms = (distance × 1000) / (duree × 3600)
Durée de transit : si la valeur de duree est obtenue via le bouton
« Calcul », il s'agit d'une approximation pédagogique d'ordre de grandeur
basée sur la distance, le dénivelé, les débits et le type de roche. Dès que des traçages réels
sont disponibles, ils doivent systématiquement remplacer cette estimation.
2.2. Paramètres de coloration
- Concentration cible (
concentration, en mg/L) à la résurgence
- Type de roche (
type_roche) :
utilisé pour deux familles de paramètres internes :
facteur_roche : coefficient multiplicatif appliqué à la dose théorique et à la dispersion,
vBase : indice de vitesse “relative” utilisé par le bouton « Calcul »
pour proposer un temps de transit typique selon le milieu (karst très drainant, fracturé, marneux, etc.).
- Dose injectée utilisée pour la simulation
(
dose_injectee_kg, en kg) :
masse réelle de fluorescéine injectée dans le milieu
- Type de courbe de restitution :
gaussienne, log-normale ou gamma
- Mode de détection :
capteurs électroniques, charbons actifs, ou mode mixte (capteurs + charbons).
- Correction avancée :
application du rapport de débits
(
Q_resurgence / Q_perte) sur la dose théorique calculée à partir de la concentration cible.
Dans la version actuelle, facteur_roche est calibré à partir de classes de référence :
Les libellés assez fins proposés dans la liste déroulante (zones de faille, calcaire conduit-dominant,
épikarst, etc.) sont pensés comme des spécialisations de ces grandes familles pour la
vitesse et la dispersion. Ils sont associés en interne à un facteur_roche et à un
vBase cohérents avec leur comportement attendu (milieu très drainant, fracturé, plus diffus, marneux…).
L’indice de vitesse vBase (0,05 à 0,85) sert uniquement au calcul automatique d’une durée
de transit typique par le bouton « Calcul ». Plus vBase est élevé, plus le milieu est
considéré comme rapide. À titre indicatif, les valeurs internes sont par exemple :
"Calcaire conduit-dominant (karst très mature)" → vBase = 0.85
"Zone de faille (drainante)" → vBase = 0.70
"Calcaire pur (karst actif)" → vBase = 0.60
"Calcaire dolomitique / dolomie karstifiée" → vBase = 0.50
"Calcaire fracturé" → vBase = 0.40
"Calcaire massif peu karstifié" → vBase = 0.30
"Calcaire stratifié à niveaux marneux fréquents" → vBase = 0.30
"Épikarst / zone superficielle karstifiée" → vBase = 0.25
"Marno-calcaire" → vBase = 0.20
"Calcaire crayeux / craie karstifiée" → vBase = 0.18
"Calcaire marneux complexe" → vBase = 0.10
"Zone de faille (barrante)" → vBase = 0.05
Ce tableau ne joue que sur la proposition automatique de duree.
Dès qu’un temps de transit est connu par traçage réel, c’est cette valeur qui doit être saisie et utilisée.
3. Calcul de la dose de fluorescéine
3.1. Débits utilisés
Dans le code :
Qp = débit à la perte (L/s) = debit_perte
Qr = débit à la résurgence (L/s) = debit_resurgence × 1000
3.2. Dose de base sur le débit de PERTE
Lorsque le débit à la perte est connu (Qp > 0) :
dose_mg_base = concentration × Qp × (duree × 3600) × facteur_roche
où :
concentration : mg/L
Qp : L/s
duree × 3600 : durée en secondes
facteur_roche : correction globale liée au milieu karstique
On obtient une masse théorique en mg de colorant.
3.3. Correction avancée (rapport des débits)
Si l’option Correction avancée est cochée et que le débit à la résurgence est saisi (Qr > 0) :
correction = Qr / Qp
dose_mg = dose_mg_base × correction
On revient ainsi à une masse théorique cohérente avec le débit réel à la résurgence :
dose_mg ≈ concentration × Qr × (duree × 3600) × facteur_roche
Si Qp est nul mais Qr est renseigné, l’outil utilise directement Qr sans correction (mode de repli) :
dose_mg = concentration × Qr × (duree × 3600) × facteur_roche
3.4. Passage en kilogrammes : dose théorique recommandée
La dose théorique recommandée (pour atteindre la concentration cible) est :
doseKg = dose_mg / 1 000 000
- division par 1 000 000 : conversion mg → kg.
3.5. Dose injectée utilisée pour la simulation
L’utilisateur saisit la dose réellement injectée en kg :
doseInjecteeKg (champ "Dose injectée utilisée pour la simulation (kg)")
Dans le code :
- Si
doseInjecteeKg > 0 : cette valeur est utilisée telle quelle.
- Si
doseInjecteeKg ≤ 0 et que doseKg > 0 :
l’outil prend par défaut doseInjecteeKg = doseKg, c’est-à-dire la dose théorique.
La simulation de courbe est donc toujours basée sur une dose injectée explicite :
doseInjecteeKg = (dose saisie) ou, par défaut, (dose théorique recommandée)
Dans les résultats, l’outil affiche :
- la dose théorique recommandée,
- la dose injectée utilisée pour la simulation,
- le ratio
doseInjecteeKg / doseKg (injectée / recommandée).
4. Paramètres de propagation et étalement temporel
La courbe de restitution est centrée autour du temps caractéristique t0 :
t0 = max(duree, 0.1) // en heures
La valeur duree provient soit :
- d’un temps de transit observé sur des traçages réels ou d’une estimation experte
(hydrogéologue, retour d’expérience), saisi manuellement ;
- soit du bouton « Calcul » de l’interface, qui propose un temps typique
à partir d’une loi empirique interne combinant :
- une vitesse de base par type de roche (milieu plus ou moins karstifié),
- le gradient altimétrique (dénivelé / distance),
- un effet de débit (débit moyen entre perte et résurgence).
Attention : le temps de transit calculé par le bouton « Calcul » n’est
pas une prédiction physique, mais une approximation pédagogique
d’ordre de grandeur. Il doit être utilisé pour cadrer un scénario ou tester des doses,
jamais comme substitut à des traçages calibrés ou à une expertise hydrogéologique.
Pour représenter la dispersion / traîne, un écart-type temporel σ est construit comme :
distance_km = max(distance, 0.1)
baseSigma = 0.20 × t0
effetDistance = 1 + 0.1 × sqrt(distance_km)
effetDose = 1 + 0.05 × log(1 + doseInjecteeKg × 1000) // dose injectée en g
effetRoche = facteur_roche
sigmaBrut = baseSigma × effetDistance × effetDose × effetRoche
// bornes de sécurité :
sigmaMax = 0.60 × t0
sigma = min(sigmaBrut, sigmaMax)
sigma = max(0.1, sigma)
Interprétation :
- baseSigma : l’étalement de base vaut 20 % de la durée moyenne de transit.
- effetDistance : plus la distance est grande, plus la courbe s’étale
(fonction racine carrée modérée, pondérée par 0,1).
- effetDose : une dose injectée plus forte augmente la traîne
via un terme logarithmique modéré (coefficient 0,05).
- effetRoche : milieu karstique plus complexe → dispersion accrue (via le facteur roche).
- bornes :
σ ≥ 0,1 h pour éviter une courbe trop “aigüe” numériquement instable,
σ ≤ 0,6 × t0 pour garder une montée visible et limiter les traînes démesurées.
Remarque : les coefficients numériques (0,20 ; 0,1 ; 0,05 ; borne à 0,6 × t0) sont empiriques.
Ils sont là pour donner un comportement réaliste et doivent être ajustés
à partir de courbes réelles si nécessaire.
5. Mise à l’échelle de la courbe et profil normalisé
L’outil distingue deux niveaux :
- la forme de la courbe (gaussienne, log-normale ou gamma),
- la mise à l’échelle pour obtenir une concentration en mg/L
compatible avec la dose injectée et la concentration cible.
5.1. Forme de base (profil sans dimension)
Pour un temps donné t, on calcule d’abord une valeur de forme S(t) en utilisant les lois
présentées à la section 6, avec un facteur global fixé à 1 :
S(t) = C(t; t0, σ, C0 = 1)
On obtient ainsi une courbe de type “densité de probabilité” :
sa position et son étalement dépendent de t0 et σ, mais pas encore de l’échelle
en concentration.
On note :
maxShape = max_t S(t)
5.2. Pic cible et mise à l’échelle en mg/L
On définit une concentration de pic théorique en mg/L, Cpic_injectee_mgL, à partir
de la concentration cible et du rapport des doses :
Cpic_injectee_mgL = concentration × (doseInjecteeKg / doseKg)
Si ce calcul n’est pas possible (par exemple doseKg = 0), l’outil prend comme valeur de repli :
- la concentration cible saisie (
concentration), ou
- une petite valeur par défaut (0,001 mg/L) si tout est nul.
On pose alors :
targetPeakMgL = (si possible) Cpic_injectee_mgL
sinon concentration
sinon 0,001
scale = targetPeakMgL / maxShape
La concentration théorique en mg/L est alors :
C(t) = scale × S(t)
Dans le graphique principal, c’est cette courbe verte lissée qui est tracée,
avec l’axe vertical gauche en mg/L.
5.3. Profil normalisé (0–1)
Pour comparer les formes quelles que soient les échelles de concentration,
l’outil calcule également un profil normalisé :
Cmax = max_t C(t)
C_rel(t) = C(t) / Cmax
Ce profil est tracé en orange, en mode “paliers” sur un axe vertical droit
allant de 0 à 1. Il permet de visualiser la forme relative de la courbe (montée,
pic, traîne) indépendamment de l’amplitude en mg/L.
Important : dans cette version de l’outil, la masse totale sous la courbe
n’est plus contrainte de façon stricte par la dose injectée.
L’accent est mis sur un pic cohérent avec la concentration cible
et le rapport de doses, plutôt que sur l’intégrale exacte de la courbe.
6. Construction de la courbe de restitution
Les valeurs sont calculées sur un intervalle temporel :
t = 0 à tMax = t0 + 5 × sigma, avec un pas dt ≈ 1 h (échantillonnage affiné en interne)
Pour chaque point t, on évalue d’abord une concentration théorique S(t) (forme de base,
avec C0 = 1) en utilisant l’un des trois modèles suivants, puis on applique la mise
à l’échelle décrite en section 5 pour obtenir C(t) en mg/L et C_rel(t).
6.1. Courbe gaussienne
Forme de base :
C(t) = C0 × exp( − (t − t0)² / (2 × σ²) )
Caractéristiques :
- Courbe symétrique autour de
t0.
- Montée et descente avec la même pente.
- Queue relativement courte (la concentration retombe vite).
Utilisation : milieu “simple”, conduit principal bien marqué.
6.2. Courbe log-normale
On veut une courbe asymétrique avec montée rapide et traîne longue.
La log-normale est caractérisée par deux paramètres : μ_log et
σ_log, mais on préfère manipuler une moyenne m et un
écart-type s (lié à t0 et σ).
Conversion utilisée dans le code :
m = max(0.1, t0)
s = max(0.01, sigma)
s2 = s × s
muLog = ln( (m × m) / sqrt(s2 + m × m) )
sigmaLog = sqrt( ln(1 + s2 / (m × m)) )
Puis pour chaque t > 0 :
C(t) = C0 × 1 / (t × sigmaLog × sqrt(2π))
× exp( − (ln(t) − muLog)² / (2 × sigmaLog²) )
Caractéristiques :
- Montée plus rapide que la descente.
- Traîne longue et progressive, adaptée aux systèmes avec stockage/déstockage.
- Pas de valeurs pour
t ≤ 0 (physiquement cohérent).
6.3. Courbe gamma
La loi gamma est définie par un paramètre de forme k et un paramètre d’échelle
θ. On les exprime à partir de la moyenne m = t0 et d’un écart-type cible
s = σ :
m = max(0.1, t0)
s = max(0.01, sigma)
s2 = s × s
k = (m × m) / s2 // shape théorique
Pour éviter des valeurs numériques extrêmes (pics très aigus ou très plats),
le code borne ce paramètre de forme :
k_borne = min( max(k, 2.0), 10.0 ) // 2 ≤ k ≤ 10
theta = m / k_borne // la moyenne reste centrée ≈ t0
Concentration non normalisée (la normalisation exacte est absorbée dans C0) :
C(t) = C0 × t^(k_borne − 1) × exp( − t / theta ), pour t > 0
Caractéristiques :
- Montée plus ou moins rapide selon
k_borne.
- Descente asymétrique, moins “lourde” que la log-normale mais plus réaliste que la gaussienne.
- Permet de régler globalement la forme via moyenne et variance,
avec un contrôle sur la forme via
k.
7. Choix du type de courbe selon le cas
Résumé opérationnel :
- Gaussienne :
- Trajet simple, conduit principal bien marqué.
- Courbe symétrique, sans traîne très longue.
- Log-normale :
- Arrivée rapide du pic puis décroissance lente.
- Réservoirs latéraux, stockage dans la matrice rocheuse.
- Traîne de coloration très longue observée en réalité.
- Gamma :
- Bon compromis entre simplicité et réalisme.
- Permet de caler globalement moyenne et dispersion,
avec un contrôle sur la forme via
k.
- Intéressant pour représenter des systèmes en série (réservoirs, cascades).
8. Limites du modèle et calibration
- Les coefficients (
0,20 pour baseSigma,
0,1 pour l’effet distance, 0,05 dans effetDose,
borne σ ≤ 0,6 × t0, etc.)
sont empiriques :
ils doivent être ajustés en comparant les courbes simulées à des traçages réels.
- Le modèle ne tient pas compte de réactions chimiques, de sorption non linéaire,
ni de mélanges complexes multi-résurgences.
- La dose calculée doit toujours être confrontée aux limites
réglementaires, aux contraintes environnementales et à l’expérience
de terrain.
Responsabilité : l’outil fournit une estimation de travail.
L’utilisateur reste responsable de la validation des doses, des autorisations,
et de l’interprétation des résultats sur le terrain.
8.1. Lien avec l’équation d’advection–dispersion
Sur le plan théorique, la propagation d’un traceur dans un aquifère peut s’écrire, de façon simplifiée, par
l’équation d’advection–dispersion 1D :
∂C/∂t + v ∂C/∂x = D ∂²C/∂x² − λ C + S(x, t)
où :
C(x,t) : concentration de traceur,
v : vitesse moyenne (advection),
D : coefficient de dispersion hydrodynamique,
λ : terme de décroissance éventuel,
S(x,t) : source (injection de traceur).
Les solutions exactes de cette équation, pour un pulse de traceur dans un milieu homogène simple,
conduisent naturellement à des profils de type gaussien.
Dans des systèmes plus complexes (vitesses multiples, réservoirs en série, volumes morts, etc.), les réponses
observées sont souvent bien approchées par des lois asymétriques (log-normale, gamma).
Le modèle ARIS FLUO COLORATION ne résout pas explicitement l’équation d’advection–dispersion dans l’espace.
Il travaille directement sur l’axe des temps à la résurgence, en utilisant :
- un temps caractéristique
t0 (temps de transit moyen estimé),
- un étalement
σ construit de façon empirique à partir de la distance, de la dose injectée et
du type de roche,
- une forme de courbe (gaussienne / log-normale / gamma) qui joue le rôle
de solution paramétrique de l’équation d’advection–dispersion.
L’outil doit donc être vu comme une approximation paramétrique des réponses de traçage,
cohérente avec le cadre de l’advection–dispersion, mais sans résolution explicite des équations aux dérivées partielles.
9. Domaine d’utilisation recommandé du modèle
Le modèle est conçu comme un outil de pré-dimensionnement pour des traçages karstiques “classiques”.
À titre indicatif, on peut considérer qu’il est particulièrement adapté aux situations suivantes :
- Configurations :
- une perte principale et une résurgence principale (traçages perte → exutoire unique ou dominant),
- réseau karstique de taille moyenne, sans réseau de résurgences très complexe.
- Ordres de grandeur typiques :
- Distances perte–résurgence de l’ordre de 0,5 à 20 km,
- Temps de transit estimés entre quelques heures et quelques dizaines de jours,
- Débits à la résurgence de l’ordre de quelques dizaines de L/s à quelques m³/s.
- Regimes hydrologiques :
- débit modéré à soutenu (hors crues extrêmes et étiages très sévères),
- variations de débit raisonnablement lentes à l’échelle du temps de transit moyen.
En dehors de ces domaines (distances très longues, systèmes fortement multi-résurgences, hydrodynamique
fortement transitoire), le modèle peut encore fournir une indication d’ordre de grandeur,
mais l’incertitude augmente fortement et un calage spécifique sur données réelles devient indispensable.
10. Utilisation pratique de l’interface
- Saisir les altitudes, les débits et la distance
(perte ↔ résurgence).
- Renseigner la durée de transit estimée (
duree, en h) :
- soit en cliquant sur le bouton « Calcul » pour obtenir une valeur
empirique d’ordre de grandeur basée sur distance, dénivelé, débits et type de roche ;
- soit en saisissant directement une durée issue de traçages réels ou d’une expertise hydrogéologique.
Dans tous les cas, la valeur utilisée est affichée dans les résultats.
- Choisir la concentration cible à la résurgence.
Dans l’interface, une valeur par défaut est proposée automatiquement
en fonction du mode de détection sélectionné (voir ci-dessous).
- Saisir la dose injectée utilisée (kg). Si le champ est laissé à 0,
l’outil prendra automatiquement la dose théorique recommandée.
- Sélectionner le type de roche le plus représentatif du système étudié parmi les différents
libellés proposés (calcaire conduit-dominant, calcaire fracturé, marno-calcaire, zones de faille, etc.).
- Choisir le mode de détection :
capteurs électroniques, charbons actifs, ou mode mixte.
Lorsque ce choix change, la concentration cible est recadrée automatiquement
sur une valeur typique pour ce mode (par exemple ~20 µg/L pour les capteurs).
- Activer (ou non) la Correction avancée pour prendre en compte l’écart
entre débit à la perte et débit à la résurgence dans le calcul de la dose théorique.
- Choisir le type de courbe de restitution (gaussienne, log-normale, gamma).
- Lancer le calcul et analyser :
dose théorique recommandée (kg), dose injectée utilisée (kg), ratio injectée / recommandée,
durée de transit utilisée, vitesse moyenne, pente, forme de la courbe (vert, en mg/L)
et profil normalisé (orange, 0–1).
En répétant la simulation en modifiant les paramètres (distance, durée, débit, type de roche,
type de courbe, dose injectée, mode de détection), l’utilisateur peut explorer différents scénarios de traçage
et préparer une stratégie de coloration adaptée au contexte karstique étudié.
11. Ordres de grandeur pour la détection de la fluorescéine
Colorant utilisé : dans l’outil, sauf mention contraire, on suppose l’usage de l’Uranine®
(fluorescéine) comme traceur principal. Il s’agit d’une poudre de couleur orange donnant une coloration
vert fluorescent avec un fort impact visuel. C’est le colorant le plus utilisé en traçage karstique en raison
de sa très grande sensibilité de détection (visible à l’œil autour de 10 ppb suivant le volume d’eau),
de sa faible tendance à l’adsorption et de son prix relativement bas.
Cette section donne des repères pour relier la simulation à la réalité des mesures :
- Capteurs électroniques / fluorimètres (mesures directes sur l’eau)
- Charbons actifs (“bugs”) avec élution en laboratoire
Ce ne sont pas des normes juridiques, mais des ordres de grandeur issus de la pratique
(tracages karstiques, guides de terrain, notices d’instruments).
11.1. Rappels : LOD, seuil de décision, bruit de fond
- LOD (Limit of Detection) : concentration minimale théorique détectable par l’instrument
(bruit de fond purement instrumental).
- Seuil pratique de décision : en hydro-trace, on considère en général
qu’un signal est “positif” lorsqu’il dépasse :
- au moins 3 × le LOD,
- et au moins 10 × le bruit de fond local sur la même longueur d’onde.
- Bruit de fond : fluorescence naturelle (matière organique, turbidité, pollution…),
qui peut faire remonter le seuil de détection effectif de plusieurs ordres de grandeur.
Dans les protocoles labo type OUL, ces critères (≥ 3 × LOD et ≥ 10 × le fond) sont explicitement utilisés
pour considérer une détection de fluorescéine comme “positive”, que ce soit sur eau ou sur élutant de charbon.
11.2. Capteurs électroniques et fluorimètres (eau brute)
On distingue :
- Fluorimètres de laboratoire :
- LOD annoncé typiquement autour de 0,01 µg/L (0,01 ppb), parfois plus bas
en conditions optimisées.
- Linéarité confortable jusqu’à quelques dizaines de µg/L ; au-delà, des effets de quenching
et de non-linéarité peuvent apparaître (> 50–100 µg/L).
- Capteurs de terrain / sondes multiparamètres :
- Plage de mesure typique : 0–500 µg/L de fluorescéine.
- Résolution nominale : de l’ordre de 0,01 µg/L sur la plage basse.
- En pratique sur le terrain (turbidité, biofilm, dérive),
le seuil exploitable se situe plutôt autour de 0,05–0,5 µg/L suivant les sites.
Conséquence pour le simulateur :
- La valeur par défaut C cible = 0,02 mg/L (20 µg/L) se place volontairement
dans la zone “confortable” :
- très au-dessus des LOD instrumentaux,
- en-dessous des zones de quenching (< 50 µg/L),
- bien visible sur la plupart des fluorimètres de terrain.
- Pour une campagne fortement instrumentée (sondes permanentes, échantillonnage serré),
viser un pic théorique entre 10 et 50 µg/L est généralement cohérent.
Dans l’outil, la fenêtre indicative utilisée pour ce mode est ~5–50 µg/L.
11.3. Charbons actifs : principe et sensibilité
Les sachets de charbon actif (bugs) ne mesurent pas une concentration instantanée,
mais intègrent la fluorescence sur la durée de pose.
Principe :
- Le charbon (granulé ou poudre) est placé dans un sachet perméable et exposé à l’eau
pendant plusieurs heures à plusieurs jours.
- La fluorescéine est adsorbée sur le charbon.
- En labo, on élue le colorant (alcool + base) et on mesure l’élutant au fluorimètre.
Sur l’élutant de charbon, des protocoles de laboratoire karst classiques donnent, pour la fluorescéine :
- LOD typique en élutant : de l’ordre de 0,02–0,03 µg/L.
- Critère de positivité : pic ≥ 3 × LOD, donc seuil pratique ≈ 0,07–0,1 µg/L dans l’élutant,
et ≥ 10 × le bruit de fond local sur la même longueur d’onde.
La vraie force du charbon, c’est la pré-concentration :
- À masse de charbon et durée de contact données, on concentre le colorant
d’un facteur typique de l’ordre de 10² à 10³ (ordre de grandeur ~×400 fréquemment cité).
- En équivalent concentration dans l’eau, cela ramène la détection effective
à des niveaux de l’ordre de 10⁻⁴–10⁻³ µg/L (soit 0,0001–0,001 µg/L) pour des bugs bien posés.
Points pratiques :
- Les charbons sont excellents pour savoir si “oui / non” le colorant est passé,
même avec un très fort temps de transit et des pics très dilués.
- En revanche, ils ne donnent pas directement la courbe C(t), seulement une information intégrée.
- Un décalage temporel existe : la période d’exposition du sachet couvre souvent
plusieurs jours, il est donc normal que le “pic” réel soit mal contraint temporellement.
Dans l’outil, la fenêtre indicative retenue pour le mode “charbons actifs” est de l’ordre de
0,1 à 5 µg/L pour le pic moyen simulé.
11.4. Comment utiliser ces repères dans le simulateur
On peut interpréter les résultats du simulateur en fonction du mode de détection envisagé :
- Mode “fluorimètres / capteurs électroniques” :
- Garder C cible autour de 10–30 µg/L pour viser un pic lisible sur les capteurs,
sans entrer en zone de quenching.
- La “Concentration de pic théorique avec la dose injectée” affichée dans l’interface
permet de vérifier que l’on est au-dessus de ~0,5–1 µg/L (domaine où les capteurs
de terrain sont à l’aise, même avec un peu de bruit de fond),
sans dépasser les quelques dizaines de µg/L.
- Dans l’outil, une fenêtre de comparaison automatique
de l’ordre de 5–50 µg/L est utilisée pour ce mode.
- Mode “charbons actifs uniquement” :
- La contrainte principale n’est plus le pic instantané, mais la masse totale :
la dose injectée doit être suffisante pour que, malgré la dilution,
le cumul sur la durée de contact rende l’élutant nettement positif.
- Avec des charbons, une simulation qui donne un pic théorique de l’ordre du
0,1–0,5 µg/L et une traîne longue sera en général détectable
si le sachet est bien positionné et resté en place assez longtemps.
- Dans l’outil, la fenêtre indicative utilisée pour l’évaluation automatique est
de l’ordre de 0,1–5 µg/L.
- Mode “mixte (capteurs + charbons)” :
- Une stratégie fréquente consiste à installer des sondes fluorimétriques
sur les résurgences majeures et des charbons sur les sites secondaires.
- Pour ce mode, l’outil considère une fenêtre “confortable” intermédiaire
d’environ 5–30 µg/L pour le pic simulé.
En résumé, la concentration cible dans l’interface sert surtout à dimensionner la dose
pour se placer dans une fenêtre de détection réaliste :
quelques dizaines de µg/L pour les fluorimètres,
et bien au-dessus des seuils ultra-sensibles permis par les charbons actifs.
La même simulation peut donc être lue différemment selon que l’on s’appuie
principalement sur des capteurs électroniques, sur des charbons, ou sur une combinaison des deux.
12. Références et ressources complémentaires
Les références ci-dessous peuvent servir de base pour approfondir la théorie des traçages et la pratique
de la fluorescéine en hydrogéologie karstique :
- Ouvrages de référence sur les traçages
- Käss, W. – Tracer Techniques in Geohydrology, A.A. Balkema.
- Goldscheider, N., Drew, D. (éd.) – Methods in Karst Hydrogeology, Taylor & Francis / Balkema.
- Guides et manuels de traçage
- Guides de traçages karstiques (services géologiques nationaux, agences de l’eau, etc.).
- Documentation technique des fluorimètres et sondes de terrain (fiches fabricant).
- Articles / ressources sur la modélisation des courbes de restitution
- Travaux utilisant des modèles gaussiens, log-normaux ou gamma pour ajuster des courbes de traçage.
- Publications sur l’interprétation des tests de traceurs dans les aquifères karstiques
(advection–dispersion, réservoirs en série, volumes morts).
L’outil ARIS FLUO COLORATION (FLUOCALC) est volontairement positionné comme un simulateur paramétrique :
il s’appuie sur ces concepts, mais reste simple à utiliser pour le dimensionnement pratique et l’exploration de scénarios.
Responsabilité : l’outil fournit une estimation de travail.
L’utilisateur reste responsable de la validation des doses, des autorisations,
et de l’interprétation des résultats sur le terrain et la responsabilité de l'ARIS ou du développeur de ce simulateur, ne peux être invoqué...